Darjeeling (West Bengal) – 2 134m – 110 000
habitants.
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Darjeeling
6h du matin. Toujours
dans le car. Nous nous sommes déjà arrêtés plusieurs fois pour déposer des
passagers. Je ne m’inquiète pas, on m’a dit qu’on s’occuperait de moi, j’ai
confiance. En effet, un des chauffeurs se tourne vers moi et me lance
« Kakarbhitta ? », « Oui, oui !! »,
« descend maintenant ». Et il prend mon sac sur la tête et m’installe
dans l’autre bus de la même compagnie, mais qui me conduira à la frontière.
Super, tout s’est bien passé. Pas de siège, mais c’est pas grave, j’ai droit au
« cockpit » à côté du chauffeur. Oui, dans les bus népalais, le
chauffeur n’occupe pas qu’un petit siège sur le côté. Il a droit à toute la
largeur du bus. Il y a son siège, un siège pour l’aide-chauffeur, et un immense
espace libre pour … rien. Et la cabine ferme, et des rideaux masquent
l’intérieur. Dans un sens, ça fait très pro ! Dans un autre sens, c’est de
la place perdue !
J’en profite pour
voir un peu mieux comment on conduit les bus au Népal et ceci explique bien des
soubresauts de la nuit. La plupart sont causés par l’état des routes, défoncées
par ci, en état normal mais simplement pas lisses par là. Les autres sont dus à
la conduite juste, très très brusque du chauffeur. On se croirait presque dans
Mario kart par moment !
Je guette les noms
des étapes pour ne pas manquer la mienne maintenant que je suis réveillé et
près du but. On annonce soudain « last stop ». Hein ?
quoi ? Ah bon ? Mais ça ne ressemble pas à une frontière ça ! A
la réflexion, je n’ai aucune idée de ce à quoi peut ressembler une frontière
Népal / Inde. C’est la première fois que je traverse une frontière terrestre.
Quoique non, en Europe, avant Massss’trichktrkt’ on passait par des sortes de
gares de péages entre pays, mais est-ce similaire ici ? Bon, quand je
demande comment je fais maintenant, on me dit, ben tu fais rien, c’est ici, on
est arrivé à Kakarbhitta. Ah ? bon. Euh, mais, même question alors :
comment je vais en Inde maintenant … Un gars du bus me dit de le suivre et
m’explique où est le poste frontière Népalais, puis où est la frontière
proprement dite.
Coup de tampon sur
le passeport, change des dernières Roupies népalaises, coup de fil à Birat pour
lui dire que tout va bien et le remercier une dernière fois pour son aide. Puis
je me dirige vers la grande arche qui marque, je suppose, la sortie du Népal.
Laissez-moi vous décrire la scène : Le jour se lève, on voit le soleil qui
pointe au loin devant. La route est encombrée de gens à pieds, à vélo, en
rickshaw, en jeep. Chacun va et vient. Ils sont Indiens ou Népalais. Pas un
seul étranger à l’horizon. En fait, à bien y penser, c’est la première fois que
je traverse une frontière terrestre de moi-même. Il y a bien eu la frontière
France Espagne et les pays de l’Est, mais c’était avec les parents, ou encore
le Maroc, mais encore une fois en groupe et les chefs Pionniers avaient fait le
boulot. Toutes mes autres frontières ont été traversées en aéroport. Alors, je
contemple la grande arche qui se dresse devant moi et réalise que ça y est, il
est temps de quitter le Népal et de poursuivre l’aventure en Inde.
Quelqu’un
s’approche de moi et se présente comme étant Indien mais travaillant en service
de nuit à l’hôpital népalais tout proche. Il traverse la frontière chaque jour,
ça paie mieux au Népal. Et les Indiens et Népalais sont libres de traverser
sans besoin de visa ni tampons sur le passeport. Il m’accompagne et m’explique
quoi faire. Passée la grande porte, nous traversons le no man’s land qui court
sur environ 1km. Un pont, un long pont, d’où l’on voit les bornes blanches
marquant la séparation précise entre les pays, puis au bout du pont, l’entrée
en Inde. Je vous avoue que ce n’est pas très vigilant comme frontière. En
effet, j’aurai pu quitter un pays et entrer dans l’autre sans visa, sans rien
dire à personne : la route est bordée de bâtiment délabrées et
poussiéreux, on voit quelques uniformes, mais personne n’arrête les piétons.
Mon accompagnateur m’explique.
D’abord il y a la police qui contrôle la
sécurité, puis la douane, puis enfin l’immigration. Pas d’arrêts à la douane,
on s’en fout apparemment. Il faut dire qu’ils doivent être pas mal occupes avec
tous les camions de marchandises qui attendent. Ou bien ils dorment … c’est
vrai qu’il est 7h. Il m’indique le poste d’immigration où dire youhou je suis
là et je veux un tampon. Ce que je fais. C’est calme ! très calme. Je
remplis les papiers, discute le bout de gras avec le policier en charge, puis
retourne vers mon facilitateur qui est en train de me chercher une jeep.
Premier chai en attendant.
Le chai est le thé indien. Même style de préparation que pour le thé népalais.
On fait bouillir du lait, puis on verse dedans du thé en poudre. Selon la
recette on ajoute ou pas des épices. On verse le tout dans un petit verre en
filtrant le thé au moyen d’une passoire. Super bon.
La jeep directe
vers Darjeeling coûte 2000 Roupies (30€). Alors que le trajet courant est
d’abord vers Siliguri (principale ville près de la frontière) puis de là,
reprendre une autre jeep vers Darjeeling. Siliguri étant un nœud ferroviaire /
routier, c’est bien moins cher de faire ainsi : 350 Roupies (5€) … pas
d’hésitations ! J’ai réussi à aller de nuit jusqu’à la frontière malgré un
changement de bus à faire au petit matin, alors, changer de jeep en pleine
journée, fastoche !
La route est
propre, ensoleillée, bordée de plantations de thé, et je tape la discute à deux
Indiens derrière moi dans la jeep. La vie est belle. Plus que belle. Je suis en
Inde, je réalise pour la deuxième fois mon rêve d’il y a 5 ans. Les gens sont
sympas, la vie est très bon marché, et tout se passe comme prévu.
3 heures de route
plus tard, nous voici arrivés à Darjeeling, dans les nuages, au froid (encore
du froid !!! non mais oh quand c’est qu’on sort les tongs !). Je
trouve mon chemin tant bien que mal dans les rues et escaliers agencés
complètement au hasard sur la colline. Tout ce que je retiens de la carte du
Lonely, c’est qu’il faut monter, et aller vers la gauche, ou vers la droite, je
suis plus bien sur. Sans trop savoir où je vais exactement, je finis par
arriver sur la crête et voit le panneau de la guest-house que je cherche. J’ai
croisé plein d’hôtels en chemin et ai eu plusieurs fois envie de m’y arrêter,
mais je poursuis sur mon objectif : la recommandation du Lonely et
l’intuition que les hôtels en hauteurs auront 1. Une meilleure vue et 2. Des
prix réduits, car ils sont peu accessibles.
Andy’s guest house.
Malgré le panneau « complet », j’entre et rencontre la famille de
propriétaire. Une guest-house familiale ! Mes préférées. Pourvu qu’ils
aient une chambre. Ils en ont une, à 400 Roupies (6,5 Euro), dans mon budget.
Je m’y installe puis ressors en excursion dans la ville. Le but : Cyber,
carte Sim, change, puis bakery. Cyber, fait, et j’y réserve mon billet de train
pour dans 3 jours (sur liste d’attente …), carte SIM, on verra plus tard.
Change, fait. Gare … fermée, car on est dimanche. Puis je me pose dans le salon
de thé recommandé de la ville.
Thé de Darjeeling, le fameux ! très bon,
très pur, ça a le goût de thé, pas comme les sachets. Youpy ! Puis
journal, et du tri de photos. Dîner à l’étage du salon de thé, où je bouquine
et pirate l’Internet local. J’y rencontre ce couple de Français qui reviennent
de 6 semaines au Népal et vont passer 4 semaines en Inde. Ils ont quitté la
France pour aller 1 an en Australie en mode « working holiday » visa.
On discute sur le chemin du retour, et ne prenons pas rendez-vous pour le
lendemain, on se croisera forcément dans les rues !
Le temps est
complètement bouché, pas sûr que demain ça vaille le coup de se lever tôt.
Dodo.
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