Rechercher dans ce blog

dimanche 1 janvier 2012

Bikaner, dimanche 1er janvier 2012 – 286km – 7h03



Bikaner (Rajasthan) – 529 000 habitants


Agrandir le plan



Sri Ganganagar - Bikaner - 286 km - 7h03


Arrivée dans le désert et premiers chameaux.


L’hôtel de Sri Ganganagar est tellement confortable que j’ai du mal à quitter ma chambre. Il faut aussi dire qu’il fait très froid dehors et que la douche est chaude ici. Après un petit déjeuner gargantuesque je commence la route par deux heures des plus banales, puis parvient enfin aux portes du désert. Sur le GPS, le fond de la carte passe du vert au jaune-orange, et niveau visuel, les paysages de villes et de forêts laissent la place au sable et aux arbustes. Je me régale de ces paysages. Du désert à perte de vue.
Tantôt dunes, tantôt champs. Mais toujours recouvert d’arbustes ou de petits arbres ne dépassant pas les quelques mètres … arbustes, quoi.

La route à deux voies n’est pas d’excellente qualité, mais je me fais tout de même plaisir en roulant assez vite pour « voler » au-dessus des imperfections et des nids de poule. Cerise sur le gâteau : les chameaux. Enfin, dromadaires, mais ici on dit chameau, c’est plus commun. 
Alors que dans tout le reste de l’Inde les bœufs sont utilisés pour tirer charrues et chariots, ici les chameaux sont les animaux de traits. Allant à l’amble, leur démarche décontractée et leur bouille nonchalante sont une excellente distraction et je m’arrête très souvent pour les observer, les prendre en photo. Je ne sais pas encore que je vais passer plus d’une semaine au milieu d’eux et que j’aurai tout le temps de les observer plus tard.

Je déjeune au bord d’un canal. Tomates, cacahuètes et carottes achetées la vieille au marché. C’est frugal mais très bon. J’en profite pour souligner encore une fois l’importance du réseau fluvial indien. Je traverse suffisamment de canaux pour comprendre que les Indiens (et les Anglais avant eux) ont pris à bras le corps le problème de l’eau dans les régions désertiques. Même si l’accroissement de la population fait que l’eau est critique au Rajasthan, il y a de quoi alimenter les villes et les cultures grâce au réseau de canaux apportant l’eau des hauts plateaux du Ladakh vers le désert du Thar.


Bikaner, entrée au Rajasthan, ferme aux chameaux et temple des rats

Ganganagar était la première ville visitée au Rajasthan, mais l’on n’y ressentait pas encore l’ambiance désertique et chaude qui caractérise cet Etat. A Bikaner, on retrouve l’odeur de lait caillé, les rues et ruelles désorganisées, la poussière et la saleté, les forts et temples typiques du Rajasthan.

Après quelques errements je trouve la meilleure guest house du coin. Une vieille maison avec des plafonds de 4 mètres au moins, de lourdes portes en bois, des chambres immenses d’une autre époque. Une seule longue table commune où tout le monde prend le petit déjeuner et le dîner en même temps. C’est une vraie étape backpackers et j’y rencontre un couple d’Anglais, une Allemande et deux Afghans frère et sœur. Ensemble, nous errons dans la vieille ville et son bazar, nous nous restaurons au garden café, installé dans un temple local (quand je dis au  gérant que c’est bizarre de voir un restaurant dans un temple, il me rétorque : et où avez-vous vu que ça ne se faisait pas ? … – euh, partout ?) (très bon accueil cependant, et ce gérant m’a donné également énormément de bons conseils sur Bikaner et la route vers Jaisalmer).





Enfin nous visitons la ferme aux chameaux. Cette ferme et « centre d’étude et de recherche sur les chameaux, le plus grand d’Asie » - en même temps, il ne doit pas y avoir beaucoup de centre de recherche de ce type en Asie … regroupe plus d’une centaine de chameaux. Ils sont nourris et soignés au centre, et loués pendant la journée aux villageois des environs. Le centre héberge également des mâles reproducteurs et élève et dresse les nouveaux nés.

Jamais vu autant de chameaux d’un coup !




Je visite mon premier fort du Rajasthan. Cet état est en pleine transition entre moyen-âge et temps modernes (je développerai ce point plus tard) (et encore une fois, il n’engage que moi). Les forts représentent l’ancrage dans le moyen-âge. Les maharajas ont régné sur leurs terres jusqu’au rattachement du Rajasthan à l’Inde indépendante.
C’est-à-dire que les châteaux étaient encore en fonction au milieu du XXè siècle. A Bikaner, on visite les appartements royaux, la partie réservée aux femmes, les cours de réception, et de tout en haut on a une belle vue sur la ville.




Nous faisons enfin étape au temple des rats. Ce n’est pas le nom officiel, ce temple étant dédié à une des innombrables déités du panthéon indien (« choisis-en une », comme dirait l’ami anglais). Non, pourquoi les rats ? Le rat en tant que moyen de transport d’un des dieux indiens est un animal sacré (au même titre que la vache, le crocodile et beaucoup d’autres). Au lieu de le chasser, on le vénère et on le nourrit. Dans ce temple, on disperse des graines pour permettre aux milliers de rats de s’ébrouer joyeusement dans l’enceinte. Et pieds nus, les Indiens vont, fervents mais apeurés, prier vers la statue du dieu.




Au retour, j’échange ma moto contre une Enfield 500cc, la puissance est impressionnante ! J’adore.


Célébrer la nouvelle année dans le désert

Départ en camel safari
J’ai hésité entre partir en « camel safari » dans le désert à Jaisalmer, capitale du camel safari en Inde ou à Bikaner – proche du désert, mais moins réputée. J’ai finalement opté pour l’option moins réputée, ce qui implique moins chère, plus authentique et moins touristique. Et bien m’en a pris. Le propriétaire de la guest house, en ancien « camel driver » organise des safaris. La patronne nous regarde lors du petit déjeuner et nous annonce « alors c’est décidé, vous partez tous en safari demain ? ». Euh … oui, ben on n’en avait pas beaucoup discuté, mais votre air persuasif semble prendre la décision à notre place, alors … oui !

Nous voici tous les 5 partis en voiture vers le point de départ (pour mémoire, un couple d’Anglais, le frère et la sœur Afghans, une Allemande). Coup de chance, tout le monde est sympa. C’est toujours le moment délicat des tours organisés : avec qui va-t-on partir ? Avec les touristes un peu lourds qui ne parlent pas Anglais ? Avec les  kitchs qui s’étonnent de tout et posent des questions débiles ? (ou ceux qui disent sans arrêts « ah oui je le savais, si souviens-toi, on l’a lu dans le guide »), ou enfin les autistes qui ne parlent à personne ? Bref, dans le cas présent tout le monde a eu le temps de s’apprécier et il y a une bonne ambiance entre tous. J’aimerais dire que je ne suis pas étranger aux causes de cette dynamique mais ce serait assez prétentieux donc je m’abstiens.

Chacun choisit son chameau, et la première étape est de rester dessus alors qu’il se lève. Cet animal qui semble confus dans ses mouvements se lève en trois étapes. D’abord sur les genoux, puis on soulève l’arrière-train, jambes tendues, et enfin les pattes avant se redressent. Pour le passager, cela signifie grand bond en l’air et vers l’arrière, puis poussée vers l’avant et enfin tout se rétablit (si l’on est toujours sur le dos de l’animal). Nous partons ensuite à un rythme tranquille à travers villages et étendues désertiques.
Le chameau, au pas, va à la même vitesse que l’homme. Ce qui fait que le camel driver marche à côté de son chameau pendant que nous avons mal aux fesses sur la selle. J’exagère, enfin pas trop. C’est confortable, mais après plusieurs heures, la pause déjeuner, puis l’arrivée au campement font du bien. Au cours de la traversée, nous apercevons plusieurs biches, renards du désert et aigles.



Chai en admirant le coucher de soleil, puis le groupe de musique arrive. Attention, grand moment : après trois chansons, le groupe décide de demander son pourboire et annonce qu’il n’y aura qu’une seule autre chanson !! Heureusement que l’afghan – qui vit au Pakistan, peut parler avec les musiciens et nous traduire les textes des chansons (qui parlent d’amour, de lune et d’amour encore – comme c’est surprenant !) et rendre le moment un peu plus intéressant. Le dîner est servi et nous nous régalons du curry de légume, du riz et des chapatis. Comme lors des dîners et déjeuners partagés ensemble, je remplis mon rôle de trou sans fond et finis les plats.

Trouver du bois dans le
désert ... pas simple !
Notre groupe s’est agrandi d’un couple de Hollandais ayant réservé un autre package, mais étant, semble-t-il, censés rester avec nous. Personne n’est au courant. Mais ils sont bien sympas et c’est un plaisir de les avoir.

Autour du feu de camp nous commençons la veillée de la St Sylvestre. Nous avons demandé plus de bois à notre guide qui a tenté le bluff « mais si, il y a assez de bois pour toute la nuit ……  - sûr ????? ». Bref, plusieurs fois nous partons à la lueur de la lune … chercher du bois … dans le désert … mais bien sûr ! Heureusement il y de la broussaille et le feu survit.



Pendant 4 heures nous racontons des histoires, partageons nos souvenirs de voyages, évoquons l’avenir, imaginons où sont les villages alentours et quelle tente sera attaquée en premier par les bandits, souhaitons accélérer le temps car c’est long 4h autour d’un feu ! Le tout arrosé par le rhum local offert par le propriétaire de la guest house (littéralement arrosé – cf au-dessous).

10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, bonne année !!!!! Je jette le reste de rhum dans le feu en guise de feu d’artifice (l’effet est au delà de nos espérances … pas sûr que boire le rhum était une bonne idée). Puis encore quelques discussions, et tout le monde se couche.


Je me transforme en David Copperfield
et fais apparaître le feu d'un claquement de doigt.

Je suis très optimiste en comptant commencer l’année par un lever de soleil dans le désert. Ce matin c’est brume. On ne voit rien à l’horizon et il faudra attendre 10h pour voir le soleil émerger du brouillard. Retour à la guest house où je passe une nuit de plus avant de partir vers Jaisalmer.

Ce nouvel an est le plus insolite de tous : loin de tout le monde, dans le désert, dans le froid autour d’un feu de camp, avec 6 autres personnes inconnues, de 4 pays différents et sous les étoiles. Je ne peux m’empêcher de penser à la famille et aux amis qui sont au champagne partageant le saumon fumé (pas en même temps j’espère), mais je n’échangerais ma place pour rien au monde. L’an prochain, le nouvel an sera entre amis en France. Chaque chose en son temps.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire