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mardi 27 décembre 2011

Amritsar, jeudi 27 décembre 2011 – 269km – 6h43



Amritsar (Punjab) – 1 250 000 habitants


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Chandigarh - Amritsar - 269 km - 6h43


Plus au nord, encore plus au nord … alors que les températures diminuent au fur et à mesure des kilomètres. Côté route, c’est assez banal. De nouveau de l’autoroute le matin, je trouve une route secondaire pour quelques kilomètres, mais surtout je termine par une autoroute bien moins chargée que les routes précédentes, même si état du bitume (quand il y en a) laisse à désirer par endroits.


Pour parer au froid, j’ai cette fois repensé l’habillement : en bas : le pantalon de toile par dessus lequel je passe le jean. Ca coupe le vent et permet de garder les jambes au chaud. En haut, j’en suis à 6 épaisseurs. Un T-shirt tout d’abord pour absorber la transpiration, puis la chemise épaisse à manches longues pour couvrir les bras. Par dessus le pull en laine que je porte quotidiennement depuis le début du voyage. Ensuite, la vareuse achetée au Népal : une couche de laine polaire, une couche de coton épais. Enfin, la veste coupe-vent donnée par Martin. Laine et laine polaire tiennent chaud, tandis que la veste coupe vent, ben … coupe le vent. Une écharpe qui couvre le cou et la bouche, les gants en laine et le casque par dessus le tout. Il me faut un quart d’heure pour m’équiper, mais ça vaut le coup ! Avec tout ça je n’ai (presque) pas froid.

Séance d'habillage en accéléré

Couchsurfing à Amristsar

A Amritsar je suis hébergé par un couchsurfeur. Et je dois avouer que mon séjour aurait été complètement différent si j’avais logé à l’hôtel. Parbodh - ou M. Bali, et sa femme m’ont accueilli comme un fils. Chambre dédié et salle de bain attachée, mais également partage des petits déjeuners et dîner, c’est une chambre d’hôte, mais gratuite. Je me suis senti comme à la maison. La nourriture est cuisinée par sa femme, qui ne mange pas avec nous, mais après nous. Les restes. M. Bali ne cuisine pas et ne sait pas même faire un vrai chai.
C’est la culture locale … J’en profite pour parfaire ma technique pour manger. On ne mange pas avec les couverts en Inde, mais tout se fait avec les doigts de la main droite. Soit on roule des boules de riz, soit on se sert des chapatis (ou rotis) pour attraper la nourriture. Un chapati est une galette de pain sans levain d’environ 15cm de diamètres. Souple, on en coupe un bout et on s’en sert comme d’une petite cuillère. La main gauche ne doit pas toucher la nourriture. Elle sert aux toilettes (pas de papier toilette en Inde, mais des robinets et … sa main gauche). Les repas sont composés de dal (soupe de lentille), curry de légumes, curd (yahourt liquide), et plein de chapatis. Comme la majorité des familles indiennes, M. Bali et sa femme sont végétariens.


M. Bali a une usine qui fabrique plein de trucs, notamment des panneaux publicitaires en plastiques. Tout n’est pas clair, c’est un père de famille très occupé à droite et à gauche, et qui parle beaucoup, beaucoup. C’est bien simple, je ne peux pas en placer une. Ou alors si je commence à parler il ne m’écoute pas de toutes façons. J’ai apprécié son engagement en faveur de la lutte contre la corruption. 2 ou 3 jours de sitting en mode grève de la faim. Nous avons diné ensemble ce jour là et il a dormi au chaud dans son lit… Sa femme dirige une société de dépannage à domicile. La famille appartient à la bourgeoisie locale et a une belle maison sur 3 étages.

J’apprends la méthode indienne pour laver le linge avec une machine qui possède deux tambours : l’un pour laver, l’autre pour essorer. Et juste une minuterie. Pas de programmateur. Je ne pensais pas que ça existait. En bref, il faut rester tout le temps à côté de la machine. Bon, de toute façons, il y a eu une coupure d’électricité et je n’ai même pas pu finir ma lessive avec la machine !

Le premier soir, rendez-vous couchsurfing avec les cinq membres locaux et une autre touriste. Après un verre pris dans le bar du frère de l’un des couchsurfeurs (on reste en Inde, et il n’y a pas de petit profit) on m’emmène manger dans la rue : des boules de pâte creuses sont plongées dans des jarres et remplies de sauce. On met le tout dans la bouche, et là, surprise, épicé ou pas épicé, bon ou mauvais. Mais c’est sympa.


Le temple d’or

Le Punjab est l’état qui accueille la religion Sikh (4 millions d’adeptes dans le monde, dont la majorité vivent au Punjab). Et Amritsar est la Jérusalem de cette religion. Les Sikh viennent en pèlerinage au temple d’or. Ce temple est recouvert de feuilles d’or et au milieu d’un lac sacré, le tout dans une enceinte qui a jusqu’à récemment hébergé les dirigeants de la religion et aujourd’hui sert de zone de prière et d’accueil.
En effet, il est possible de loger et de manger gratuitement ici. Je tente l’expérience du repas. Suivant un Indien et faisant tout comme lui afin d’éviter toute erreur de conduite, je fais le parcours suivant : à l’entrée de la zone réfectoire on nous remet plateau et cuillère. Puis on s’assoit par terre en rangées d’une cinquantaine de personnes dans un grand réfectoire. Quand les rangées sont complètes défilent les serveurs de dal, légumes, curd, eau et chapatis. On peut demander du rab. Puis on se lève et on remet son plateau dans la zone vaisselle qui n’est pas sans rappeler la vaisselle à Taizé pour les connaisseurs (bataille d’eau en moins). Au passage on croise les armées de cuisiniers. Ca tranche, coupe, épluche en ligne. Tous ces gens (cuisiniers, serveurs, plongeurs) sont bénévoles.

Comment reconnaître un Sikh ? C’est assez facile, puisque un aspect de la religion interdit de couper barbe et cheveux. Alors ils ont des barbes très longues. Certains d’ailleurs cultivent barbes et moustaches avec fierté et sont des œuvres d’art. De plus on se couvre les cheveux d’un turban. Les touristes doivent également avoir la tête couverte lorsqu’on visite le temple d’or.


Cérémonie de clôture de la frontière avec le Pakistan.

Depuis Amritsar, une attraction immanquable est la cérémonie de clôture de la frontière Inde / Pakistan. Rappel historique : une fois n’est pas coutume, dans les années 50 les hindous et les musulmans se sont tapé dessus plus sérieusement que d’habitude. L’Angleterre préparant la décolonisation, chacun a voulu réclamer son bout de territoire. Les Anglais pensaient arbitrer les débats et surtout la mise en place des frontières entre territoires musulmans et autres, mais cela est allé trop vite et trop loin et l’indépendance a été déclarée plus tôt que prévue. Le Pakistan a été créé pour les musulmans de l’ouest et le Bangladesh pour les musulmans de l’est. Cela a entrainé des mouvements de population énormes et en zone de frontière, les populations sont proches les unes des autres. Note : la frontière Inde - Pakistan n’est toujours pas établie clairement au nord dans l’état du Kashmir et si la tension semble apaisée pour l’instant, l’avenir n’exclut pas un regain des violences. Les cartes de l’Inde précisent d’ailleurs que l’emplacement des frontières n’engage pas la responsabilité des éditeurs. Sur ma carte de l’Inde, deux frontières sont dessinées entre Kashmir et Pakistan.

A Attari (à 30 kilomètres d’Amritsar), les postes douaniers ont fait un spectacle de la fermeture quotidienne de la frontière. A 17h30 on ferme les portes. Mais le show commence une heure avant. D’un côté comme de l’autres, les gradins se remplissent de centaines de Pakistanais d’une part, d’Indiens d’autre part hurlant des « vive l’Inde » et autres « hip hip hip hourra » locaux. En plus du cérémonial des gardes-frontières exagérant au possible le lever de jambes lors de la marche et les gestes d’intimidation envers les autres gardes, un officier garde frontière est habillé en survêtement blanc et se charge de l’animation. Micro à la main, il incarne parfaitement un animateur chauffant la salle. Il lance les cris, les applaudissements. Le but de tout cela est d’encourager chaque spectateur dans un élan patriotique à hurler que son pays est tip top.

Les Indiens sont déchainés autour de moi et la ferveur qui monte de cette foule est saisissante. C’est un vrai « show », bien plus qu’une simple formalité administrative. Encore une fois, la question qui me brûle les lèvres est « mais …. Pourquoi ?? ». Pourquoi ils font ça ? D’où ça vient ? Qui a eu l’idée ?





Vidéos décrivant l'ambiance lors de la cérémonie de fermeture de la frontière Inde - Pakistan à Amritsar


Je me sens tellement bien chez M. Bali que je reste une journée de plus pour mettre de l’ordre dans le journal de bord, les photos, appeler famille et amis et célébrer Noël à distance avec eux. Je suis cependant très excité quant à la suite de l’itinéraire. En effet, ça descend. Qui dit aller au sud dit aller vers le chaud. Et ça, ça n’a pas de prix ! Je fais également un tour au centre commercial Alpha one, prétendu être le plus grand mall du Punjab. A part la tonne de bouquin que j’y achète, je trouve du Nutella !!! Aaaaaah, voilà qui va grandement améliorer mes petits déjeuners. Second achat utile : la thermos qui me permettra d’avoir une réserve de chai chaud pour la route.



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