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mardi 13 décembre 2011

Varanasi - mardi 13 décembre 2011


Varanasi (Uttar Pradesh) – 1,4 millions d’habitants



Varanasi - Uttar Pradesh


Longue nuit. Je n’ai pas mis de réveil, je commence maintenant à être habitué aux trains indiens et leurs retards. Et puis Varanasi est le dernier arrêt, alors il y aura bien quelqu’un pour me réveiller. L’arrivée sur la ville est dans la brume. Je vois tout de même le Gange et ses ghâts depuis le pont traversé avant d’arriver dans la gare. La ville fait 1 million d’habitants, mais ne semble pas si grande pour autant.


Sortie de la gare, j’appelle la guest house dans laquelle j’ai réservé et qui m’envoie un autorickshaw. C’est-à-dire que j’arrive dans une ville ultra touristique et les rabatteurs sont légion. Dès la sortie de la gare c’est « viens dans mon hôtel il est mieux » mieux que quoi ? ou « moins cher », tu ne sais même pas combien je paie … ou encore « ton chauffeur ne viendra jamais, c’est sûr » …

Je m’installe dans la guest house et commence l’installation habituelle : défaire le sac, douche en faisant la lessive des vêtements de la veille, puis prépare l’itinéraire de la journée.

Varanasi est la ville la plus sacrée de l’Hindouisme. Mourir à Varanasi puis faire brûler son corps sur les bords du Gange est la garantie d’atteindre le Nirvana. Rappelons quelques bases de l’Hindouisme (encore une fois, ce n’est pas un cours, une lecture Wikipedia ou autre sera bien plus instructive). Cette religion est étroitement liée au système de castes et de réincarnations. Chacun naît dans une caste particulière selon les actions de sa vie précédente. Le but étant d’atteindre le Nirvana qui délivre du cycle des réincarnations et de la vie terrestre. Donc, mieux vaut faire autant de bien que possible durant sa vie afin d’avoir, soit une vie meilleure (et une caste supérieure) la prochaine fois, soir directement atteindre le Nirvana et ne plus s’embêter d’une enveloppe corporelle.

D’où le truc plutôt pas mal : si l’on meurt à Varanasi, c’est dans la poche, plus de réincarnation. Pourquoi là, et pourquoi un traitement particulier pour les gens qui meurent à un certain endroit ? Cela n’est pas bien clair, et après avoir discuté avec plusieurs personnes : à Varanasi on y croit dur comme fer et de toute l’Inde on vient y mourir, ou alors on vient déverser ses cendres dans le fleuve. Loin de Varanasi, on pense que c’est bidon et que c’est une légende. Encore une fois, croyances, éducations et contraintes budgétaires s’affrontent pour mettre en défaut la religion.

Tout un process particulier s’applique une fois que l’on est mort. La famille transporte le corps vers le fleuve sur un brancard formé de 7 barres transversales. On l’y trempe pour le laver. On achète le bois et les spécialistes locaux construisent le bûcher. Le bois est particulier. Il brûle vite et bien, et surtout sans odeur. On couvre le corps d’encens et autres produits typiques. Il faut ensuite acheter le feu à un endroit particulier où un feu sacré est entretenu depuis des siècles. Il y a un cérémonial effectué par un des membres de la famille pour allumer l’ensemble. Puis la famille reste le temps de la crémation, environ 3 heures. Les femmes n’ont pas le droit d’assister à la cérémonie. La raison ? Elles sont émotives, pleureraient et ça fait mauvais genre, alors elles restent à la maison. Histoire vraie. Une fois la crémation terminée, on recueille les cendres et ce qui n’a pas brûlé, on offre le tout au fleuve.

Certains endroits particuliers sont utilisés pour brûler les corps. Trois ou quatre ghâts uniquement. Un ghât est une descente vers le fleuve constituée d’escaliers, le plus souvent en pierre. Les ghâts se suivent car la plupart du temps tout le bord des fleuves ou des lacs sont utilisés pour la baignade (si le fleuve/lac est sacré), la toilette, la lessive, la prière etc. et mesurent quelques mètres à quelques dizaines de mètres de large.

Certaines catégories de personnes n’ont pas besoin d’être brûlées car elles atteignent directement le Nirvana compte tenu de leur situation : les nouveaux nés, les femmes enceintes, les lépreux, les morts par morsure de serpent et les prêtres (caste supérieure). Ils sont jetés directement dans le fleuve sans passer par la case « feu ». Ils ne touchent pas 20 000.

Je passe mon après-midi à me balader de ghâts en ghâts en observant les coutumes locales. Le soir, je me fais emmener en barque vers une des cérémonies de louange du fleuve.  Pendant une heure, au son des clochettes, des célébrants présentent des offrandes d’encens, de flammes, de nourritures au fleuve. Puis c’est dîner dans un restaurant super chic de la ville. En terrasse à 50 mètre au-dessus du fleuve je regrette d’être encore une fois tombé dans le panneau : quand c’est cher et class, c’est pas bon. Le meilleur reste la nourriture de rue, et de surcroît, c’est le moins cher.

Bref. Retour à mon hôtel où je m’installe sur le roof-top pour finir mon livre. Quelques heures plus tard, l’ambiance est magique ou démoniaque, au choix : alors que mon livre parle d’un policier à la poursuite d’assassins dans une ambiance de traque du diable en personne, la brume mêlée à la fumée des crémations monte du fleuve et finit par envahir la terrasse. Je suis plongée dans la lecture et dans le nuage, ne distinguant même plus les lampadaires, mais simplement leur lumière jaune au loin dans la brume. C’est magique, et flippant à la fois !



Dodo.


Album photo : Inde 4. Varanasi (picasaweb)

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