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vendredi 16 décembre 2011

Khajuraho, vendredi 16 décembre 2011



Khajuharo (Madhya Pradesh) – 19 000 habitants




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Khajuharo - Madhya Pradesh


Khajuraho, ville des sculptures érotiques. J’ai hésité avant d’y aller. Et puis finalement j’ai voulu voir ce que c’était. Et bien m’en a pris. La ville est bien plus que cela.

Je commence à être un maitre Jedi du train indien et afin de savoir où en était le train sur son retard, je suis le parcours sur mon GPS. Ce qui me permet de me réveiller à 5h30 du matin seulement, 10 minutes avant que le train n’arrive, alors que les Chinois avec qui je partage le compartiment sont sagement assis depuis 4h du matin à attendre l’arrivée (4h étant l’heure d’arrivée prévue) ! Je file entre les « touts » (rabatteurs) du quai de la gare pour me diriger directement vers un rickshaw. Pas de négociation, j’annonce mon prix, c’est ça ou rien. Et je finis par trouver un pote. Enfin, quelqu’un avec qui je m’entends bien et qui ne tente pas de m’arnaquer. Enfin, pas encore.

Arrivée à l’hôtel, check in et petit déjeuner, en terrasse et au soleil, avec mon pot de Nutella. Je ne suis pas bras nus mais pas loin. Puis tranquillement je me dirige vers la zone des temples. Il y a trois zones majeures. Les temples de l’ouest (en fait au centre), ceux de l’est et ceux du sud. Il faut payer uniquement pour visiter les temples de l’ouest (en fait du centre, pour ceux qui ne suivent pas), ce qui fait qu’ils sont en bon état, voire restaurés. Audioguide sur les oreilles et me voici plongé dans un univers particulier. Ces temples ont été bâtis il y a 1000 ans, sont disposés dans un espace de verdure calme et propre. Le plus marquant : les sculptures. Sont ciselées sur les murs et toits des temples des statues des dieux du panthéon, des scènes de vies courantes, des personnages mythiques, des motifs géométriques. Chaque sculpture a son histoire et sa particularité. C’est tout simplement magnifique.



Effectivement, certaines parties des temples montrent des scènes peu chastes. Plusieurs raisons à cela. Une première raison est liée à l’emplacement de ces sculptures. Situées aux endroits les plus faibles de la structure du temple, l’amour qu’elles symbolisent est une force qui maintient le temple. Une autre explication plus concrète est que les temples servaient de lieu d’éducation. Outre le panthéon hindou, on retrouve des scènes de la vie courantes sculptées dans la pierre transformant le temple en livre d’image. Les scènes d’amour font partie de cet apprentissage.

Je reste quelques heures dans cet environnement avant de retourner vers la ville. Je décide d’ignorer les loueurs de vélo et taxis pour aujourd’hui pour marcher tranquillement admirer le coucher de soleil depuis les temples de l’est. Quelques kilomètres plus tard, me voici sur les marches d’un temple à discuter avec son gardien tandis que des touristes anglais empoussièrent la piste de leur 4x4, tout cela pour admirer la même vue que moi. Ah mais, ce chemin parcouru pour arriver ici, la discussion avec les enfants du village qui m’ont suivi pendant près d’une heure en me parlant de leur quotidien, je n’échangerais cela contre aucun 4x4 ! Pourvu que mes jambes puissent me porter longtemps pour continuer à vivre ces expériences (c’est maintenant que l’on verse une petite larme d’émotion).

Retour de nuit, dîner et nuit fraiche sous les couvertures. Le lendemain, je loue un vélo et parcours une piste me menant vers les collines du fond. Pas vraiment de plan, juste dans l’idée d’aller voir ce qu’il y a par là-bas. Encore une fois, on m’accoste, on me demande où je vais, et on me dit que c’est plus court par là … Pourquoi pas, de toutes façons je n’ai pas d’itinéraire précis ! Alors c’est parti, et encore une fois, ça tourne à l’arnaque. Je ne l’avais pas vu venir celle-ci. Le gars m’arrête chez lui et me fait visiter sa ferme (soi-disant) puis me fait remarquer que mon pneu n’est pas assez gonflé pour continuer sur les cailloux. Soit, on va le faire gonfler ? Ah non, il faut que je laisse le vélo ici et on va ensemble à moto chercher le gonfleur. Et puis non, tant qu’à être sur la moto, autant qu’il me fasse visiter les environs … Non mais oh ! J’ai loué un vélo, c’est pour aller où je veux par moi-même et pas pour faire de la moto en suivant quelqu’un !! Bref, je file seul, ignorant ses derniers arguments aussi ridicules que décevants.

L’expérience à vélo est géniale. Je traverse quelques villages où les gens ont des yeux tout ronds en voyant un européen passer par chez eux. Arrivé aux collines, je pose le vélo pour aller en haut. Un petit chemin en vue,  c’est parti. Bon, sauf que je me rends rapidement compte que le chemin est en fait taillé par les chèvres et je suis obligé de m’accroupir pour passer sous les branches et les buissons. Puis je perds la trace et me retrouve au milieu des arbustes. Qu’à cela n’tienne, il suffit de monter pour arriver en haut, pas vrai ? Je choisis la ligne droite, et quelques dizaines de mètres plus loin, heureux mais écorché, je contemple le paysage. Temples, villages, rivière, champs s’étendent au loin.


montée au milieu des arbustes


Je finis ma boucle comme je l’ai commencée, en coupant à travers champs, au hasard des chemins, aidé par le GPS. Puis coucher de soleil, et ah si ! encore un évènement curieux ! - j’ai vraiment adoré cette ville, il s’y est passé tant de choses. Je raconte rapidement : le gars du rickshaw qui m’a emmené de la gare à la ville m’avait proposé de passer par sa boutique. Ce soir il est au téléphone et m’emmène dans une autre boutique, soi-disant son oncle … Le gars a bien révisé ses cours d’école de commerce. Il me sort en 10 minutes tous les clichés possibles d’un vendeur d’écharpes. Le « c’est pas cher », le « on ne parle pas prix ici », le « ne va pas au Ladakh maintenant il fait trop froid, mais si tu y va il te faut une écharpe en kashmir – mais n’y va pas !», le « un homme digne de toi mérite de belles écharpes », le « ton écharpe est pas nickel et il te faut mieux » (pas de chance au passage, c’est un cadeau ramené de Marrakech par un ami et j’y tiens plus que tout … cela achève de me mettre de mauvaise humeur), bref, je finis par lui expliquer que pour le bien de tout le monde je ferais mieux de partir et de toutes manières, il ne comprendra jamais pourquoi je n’achète pas, alors je le quitte tandis qu’il continue de parler. Episode assez désolant. Je n’étais pas dans l’humeur de négocier, et lui s’est retrouvé désemparé face à un touriste qui ne voulait rien acheter et qui n’a finalement rien acheté !

Dernier coucher de soleil, préparation pour une nouvelle nuit au froid et dodo.







Album photo : Inde 5. Khajuharo (picasaweb)

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