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dimanche 4 décembre 2011

Quelque part entre Kathmandu et Kakarbhitta, dans le bus de nuit - Dimanche 4 décembre


Border Nepal / India


J’avais à l’origine décidé de profiter de ma dernière matinée à Kathmandu pour visiter les deux temples « à voir » et pas encore vus : Monkey temple – Swayambhunath, la plus grande stupa du Népal et Pashupati, très fameux, où l’on brûle les morts (celui au sujet duquel l’Allemand avait dit « on voit comment ils brûlent les corps c’est intéressant », et que j’avais trouvé déplacé, ou très humour noir). Mais je suis passé devant le premier en bus, et une stupa de plus ou de moins … plus des singes qui vous sautent sur les bras ou vous piquent votre sandwich, j’ai déjà vu ça plein de fois. D’autre part, ma visite à Varanassi où les Indiens brûlent leurs morts sera du même type que Pashupati temple je pense. Bref, je préfère me lever tranquillement et profiter de la fameuse chambre 501, faire tranquillement mon sac et passer à la pharmacie. La nuit a été douloureuse pour mon estomac et je crains une rechute de tourista, juste avant le bus de nuit, ça ferait mauvais genre. 

Je suis prêt vers midi, mon sac est bien plus petit qu’avant, même avec la guitare à l’intérieur ! Je suis pas peu fier de moi, de tout ce dont je me débarrasse et des 6 kilos renvoyés à Saigon. Pensez-donc, je déchire même les pages de mots fléchés déjà faits et constate que je suis complètement entré dans la phase : ça-ne-me-sert-pas-alors-je-garde-pas. 

Bye bye au personnel de l’hôtel avec un petit pincement de cœur tout de même. J’ai du les marquer aussi car ils m’offrent la fameuse écharpe qui doit me porter chance. Ou alors peut-être savent-ils que je pars en car et ils veulent faire passer un message ? Quoi qu’il en soit, je remonte Thamel chargé de mes deux sacs vers mon repaire le New Orleans. J’y fais l’inventaire de mon porte-feuille et me résous à commencer ma vie d’économe : je ne dépenserai pas plus que ce que j’ai, et je dois penser à mettre de côté pour le billet de bus (je ne sais toujours pas combien on va me faire payer), et les repas pendant le voyage. Plus une sécurité au cas où le passage à la frontière pose problème. Le New Orleans est fidèle à ses traditions : Internet foireux, personnel peu aimable, et on me facture à la dernière minute 50 Roupies (0,50€) pour avoir branché mon ordinateur sur l’électricité. Ah, l’emplacement et la carte ne seraient pas magiques, je les maudirais bien ! 

Puis, mon nouvel ami Birat va chercher sa moto et nous partons vers la gare routière. Sans casque, avec un contrepoids de 20 kilos qui me fait souvent basculer vers l’arrière, à 50 km/h au milieu du trafic local … Cette expérience entre dans le top 3 des trajets les plus dangereux avec le tuk-tuk de Delhi en mai dernier, et sans doutes le trajet en Nissan AX, de retour du Bus à Mada, vers 6h du matin quand tous les sportifs malgaches apparaissaient sur la route digue, au milieu de la brume façon 4400. Ou alors les stop à 8 dans une R5 en camp scout. A voir … j’y réfléchirai. Un bon sujet de rédaction pour l’inventaire des choses à interdire à ses enfants ! 

Arrivés à la gare routière, je constate que les locaux sont à la même enseigne que nous ! Birat se fait haranguer par au moins cinq personnes, voulant à tous prix vendre leurs tickets de bus. Certains me parlent en Anglais, je n’ouvre pas la bouche, pour le laisser parlementer. Il a du mal, ça me rassure. Nous trouvons finalement deux bus, se prétendant comme « de luxe » allant à Kakarbhitta. L’un est plus qu’honorable niveau confort, mais je devrai changer de bus 10 km avant la frontière. L’autre va au bout, mais est nettement moins reluisant. On me sort l’argument qui tue : c’est pour les touristes, c’est marqué « touriste » ! Ah ben tiens je suis rassuré d’un coup ! Je dois vous dire une chose : tous les bus sont marqués « touriste ». Même les tous pourris qui menacent de tomber en pièces détachées à chaque nid de poule, c’est-à-dire à chaque mètre parcouru. 

J’opte pour le plus beau (ou moins délabré ?), après que l’on m’a assuré que l’assistant du chauffeur, ou le chauffeur, enfin quelqu’un, me mettra dans le bon bus, au bon moment. Je pars en confiance. Qu’est-ce que je risque ? Me retrouver au fond d’une ville inconnue au Népal ? Pas bien grave cela, mon visa n’expire pas tout de suite, j’aurai le temps de me débrouiller pour aller en Inde. 

Le bus est en effet confortable. Ce qui est moins confortable, c’est la grosse mama qui est à côté de moi et qui prend largement ses aises. Faisons un bilan global du trajet : elle a décidé qu’à 18h, quand c’est la nuit dehors et que le car éteint les lumières, il faut dormir et fermer les rideaux. Pas de chance pour moi qui comptais regarder les lumières extérieures, ben non, apparemment il FAUT fermer les rideaux. Le problème c’est qu’à 18h, j’ai pas vraiment envie de dormir moi ! Je n’ose même pas allumer ma frontale et lire ! j’ai peur de me faire jeter du bus !
Puis quand mon voisin de devant ouvre la fenêtre pour vomir, elle s’occupe elle-même d’orienter le rideau pour empêcher l’air froid de nous atteindre, enfin, de m’atteindre car ses efforts n’arrangent pas du tout sa situation à elle. Quand elle décide de changer de position, elle pose son sac à main sur moi sans se soucier si ça pourrait me réveiller. Le ponpon de la pomponette ? Quand elle commence à prendre mon cheich pour me montrer que je dois le mettre sur mes oreilles pour couvrir la musique à fond. Mais de quoi je me mêle non mais oh alors bon ? J’ai la 5e symphonie de Beethoven dans les oreilles, c’est bon, je vis ma vie ! Ou alors non, le ponpon c’est plutôt quand elle s’appuie sur mon épaule pour mieux dormir. Ou enfin quand elle s’agrippe à mon genou parce qu’elle a peur quand le bus freine brusquement … 

Je critique, je critique, mais finalement je ne suis pas si mécontent (après coup) de ce trajet. Et oui, avoir une dame qui remplit l’espace à côté de soi, ça cale ! et le bus ne cessant de bondir, d’aller de droite et de gauche, c’est utile d’être compressé entre quelqu’un et la fenêtre, et bon an mal an, le voyage aurait été peut-être moins confortable sans cela. 

Quand j’en ai marre d’écouter Beethoven et François-Henri Houbart, j’allume tout de même ma lampe pour bouquiner. Puis, vers 21h30, la fatigue arrive enfin et je commence une longue nuit. Malgré les soubresauts, malgré ma voisine, malgré la musique locale à fond les ballons pour tenir le chauffeur éveillé, je passe une bonne et longue nuit de 21h30 jusqu’à 6h le lendemain. 

Fait qui m’a particulièrement marqué ? La première pause pipi. Il est 18h et je ne sais pas trop s’il faut dîner maintenant alors je m’approche du buffet. L’aide-chauffeur indique au gérant de la gargote que je suis là et ce dernier me demande en Anglais ce que je veux. Je dis : « ben, un peu tout ce que vous avez là, ça a l’air pas mal ! combien ça coûte ? », « combien vous en voulez ? », « je sais pas, disons 200 Roupies ? », « oh là, ici c’est pas cher, pour 100 Roupies tu en auras assez ! ». Et me voilà assis à manger mon dal bhat. Je suis le seul du bus, à part le chauffeur qui est assis à côté de moi (en fait, la vraie pause dîner sera bien plus tard, vers 22h … hum …). On me dit tout de même de dîner vite, le gérant prend mon livre et nous discutons du contenu. Je m’inquiète que le bus parte sans moi, on me dit pas de soucis, le chauffeur est à côté de toi ! Ah oui, bon, tout va bien alors, je vais juste me faire détester par tout le monde car ils vont voir que j’ai pris le temps de dîner …







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