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samedi 19 novembre 2011

Périché – samedi 19 novembre 2011 – 4 280 m



Situer le Kala Pathar sur Google Maps


L’objectif du trek a été un tout petit peu modifié. Au départ nous étions tout excités par l’idée d’aller à l’EBC (Everest Base Camp - environ 5 300m). De nombreuses discussions en chemin nous ont fait réaliser que c’était plutôt inutile : il n’y a pas de camp de base en dehors de avril / mai lorsque des expéditions vers le toit du monde sont en cours. En dehors de cette période, l’endroit est désert et le seul intérêt d’y aller, outre dire « j’étais là » est d’être au pied de la fameuse Khumbu icefall. La cascade de glace, première étape des grimpeurs vers le sommet, située entre le camp de vase et le camp 1. A cet endroit, la pente est assez raide pour que le glacier ne suive pas « gentiment » le fond de la vallée mais se brise en d’énormes blocs de glace, de plusieurs mètres de haut.
Au début de la saison d’ailleurs, des expéditions mettent en commun leurs moyens humains et matériels pour tracer une voie dans la cascade (échelles et cordes) et font payer aux autres expéditions le droit de passage. C’est d’ailleurs une des choses qui transforme l’accès vers l’Everest en autoroute et qui provoque les critiques de beaucoup d’alpinistes. Eh oui, ce n’est plus une expédition réservée aux élites, mais simplement aux personnes sachant escalader et prêts à débourser 10 000€, et prêts à risquer leur vie aussi. 1 personne sur 4 meurt dans l’ascension de l’Everest. 

Bref, nous partons à 2 car Sunjay ne se sentant pas bien préfère se reposer. 400 mètres de montée, ce n’est pas si long, mais c’est de 5 100m à 5 500m, c’est haut, ce qui signifie peu d’oxygène et qu’il fait froid (nous montons avec toutes nos épaisseurs). Malade comme jamais, j’avance très lentement et demande plusieurs fois à Natacha de m’attendre. Les rôles sont inversés par rapport à la montée. Elle cours devant, me motive, je suis à la traine ! Pour tout dire, je fais cinq pas, m’arrête pour essayer de vomir, n’y arrive pas, souffle et repars pour cinq pas, le tout au rythme d’un pas par seconde. 

Finalement nous arrivons au sommet. 5 560m, le point culminant du trek. De là, on voit au-dessus de nous le Pumori (7 138 m), puis une chaine de monts enneigés au nord marquant la frontière avec le Tibet, et au nord-est le bloc : Everest (8 848m) et Nuptse (7 879m), cachant lui-même l’autre 8 000 du coin, le Lhotse (8 516m). Au fond, l’Ama Dablan, qui semble si loin ! Dire que ce soir nous passerons au pied ! Au sud, la vallée formée par le Khumbu glacier, puis la chaine Cholatsé (6 440m) et Taboché (6 495m). 

Au pied de l’Everest, le Khumbu glacier. Tout en haut, le col sud entre Everest et Lhotse, où s’établissent les camps 4 et d’où partent les assauts finaux vers le sommet au beau milieu de la nuit, puis plus bas, la cascade de glace, l’emplacement du camp de base, et puis le glacier recouvert de pierres. Je suis mal mais scotché par le paysage. Nous sommes à quoi, … 5 ou 6 kilomètres du toit du monde. Ce n’est pas une photo ni une image à la télé. D’ailleurs, nous sommes à l’endroit d’où sont prises les photos des cartes postales. La class ! 

L’autre sentiment de bonheur est créé par l’idée de la suite du trek : de la descente uniquement ! Le fait d’avoir atteint notre objectif et de pouvoir rentrer l’esprit comblé chez nous. Le fait que descendre ne peut qu’améliorer la santé. Et il fera plus chaud aussi. Et enfin, à Périché, il y a un centre de santé ! 

Dernière pensée à tous ces jours passés à marcher pour arriver ici, et aussi aux alpinistes qui eux continuent vers tous les sommets. A travers ma lecture (les fameuses ascensions de 1996) je trace leur itinéraire et tente de me mettre à leur place. Sans toutefois trop les envier. Je suis satisfait de ce que j’ai accompli : c’est de mon niveau et je l’ai fait, non sans douleurs mais j’ai atteint mes objectifs et expérimenté le dépassement de moi-même pour lequel je suis venu. 

Nous redescendons. Natacha posse jusqu’au panneau indiquant le chemin du camp de base, j’y renonce et retourne au lodge, quasi en me traînant par terre à la fin. De nouveau riz et coca. Les Anglais à ma droite s’inquiètent de ma santé et entament la conversation. Cette fois je peux discuter en étant dans la peau de celui qui l’a fait. Je ne suis pus celui qui s’enquiert auprès des autres des difficultés à venir. C’est grisant, ça m’aide même à aller mieux. 

Et enfin, à 13h nous quittons Gorak Shep pour Dughla et si possible Périché (c’est plus loin, mais il y a des antibiotiques là-bas !!). 

Effectivement, descendre fait beaucoup de bien ! Les effets néfastes de l’altitude s’estompent, et surtout, ça descend ! Nous marchons très bien et arrivons à Périché vers 17h30. Le lodge est tellllllllement confortable ! Que du bonheur. Puis un tour au centre de santé, où, dans le doute, l’on me donne les médocs pour les deux types de diarrhées ! Comme disait le médecin de Machhermo : en altitude, c’est l’inverse de la vallée : on prend tous les médocs à la fois. Il faut que ça agisse, et vite. 

Encore un Dal bhat, très bon, dans le dining magnifique confortable et chaud. Qu’on y est bien ! On ressent que cette vallée (accès direct vers l’EBC) est beaucoup plus touristique et que les lodges sont de bien meilleure qualité que dans la vallée de Gokyo – moins fréquentée.





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