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dimanche 13 novembre 2011

Machhermo - Dimanche 13 novembre 2011 – 4400m.





Nuit excellente, pas beaucoup de déplacements aux toilettes (dès que nous avons commencé à prendre le Diamox, le nombre de fois où nous allons aux toilettes pendant la nuit est un indicateur qui tend à remplacer le nombre de fois où l’on se réveille pendant la nuit). 

Comme fixé la veille, nous nous en tenons à l’état de santé de Natacha pour décider de la journée. Ca va mieux, mais bon, pour être sûrs, nous rendons visite au médecin du centre de santé. Ausculation, mesures confirment la sensation que ça va mieux. Maintenant, la décision est à prendre, comme dit le docteur : « monter ou se reposer, être prudent /conservatif ou pas, que faire ? ». Nous décidons d’être prudents. Rien ne sert de courir, il faut partir en bonne santé. Rien ne sert de souffrir pendant la montée, transpoaprès tout, on est ici pour se faire plaisir, et s’il faut un Jourde plus pour se sentir mieux et apprécier la montée, et bien prenons ce jour. 

Natacha restera au lodge pour se reposer. Ne tenant pas en place ;-), je pars avec Michel (qui aussi reste une journée de plus, pour les mêmes raisons) remonter la vallée de Machhermo. Le mari du médecin nous a dit que l’on pouvait suivre un sentier et monter vers des cascades de glace, jusqu’à 5200m. J’emporte journal de bord, bouquin, déjeuner (barres de céréales : wahou). 

Le sentier suit la rivière. Michel ne se sentant pas bien, je continue seul. Je n’ai pas vraiment de but et je me contente de monter. Je passe les cascades de glaces. Sympa mais pas si impressionant que cela. Alors je continue.
Je finis par me dire qu’après avoir pas mal monté je dois avoisiner les 4800m d’altitude et leur signification particulière pour tout Français ayant suivi ses cours de géographie. Petit coup d’œil sur le GPS de l’iPhone, et je suis à … 4831m !!!! Mont blanc battu. Je ne vous raconte pas le saut au cœur que cela m’a fait. J’ai crié et sauté sur place. Ca c’est du dépassement de soi. Moi qui avais déjà pris rendez-vous ave Tanguy de Belmont pour l’ascension du Mont-Blanc il y a quelques années, me voici plus haut que ce sommet. 

Arrêtons-nous quelques minutes. 

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Premier but (inavoué) atteint. Maintenant, que faire ? Je suis au milieu des rochers, eux-mêmes au d’un nuage qui ne me laisse rien apercevoir. Continuer ? Pourquoi ? Redescendre … ? Encore, pourquoi ? Allez, on monte jusqu’en haut de la cascade que je vois à travers les nuages. Peut-être que c’est joli de l’autre côté. 


Me voici reparti. Je me sens bien, pas de maux de tête. Quelques problèmes de souffle et temps en temps bien sûr, je suis plus haut de 400 mètres de l’altitude de la nuit dernière et malgré le Diamox, mon corps a besoin d’oxygène et je peine à lui apporter. Je monte à un rythme raisonnable, je m’arrête régulièrement pour reprendre mon souffle. Toutes les 2 ou 3 minutes en fait. Ca ralentit le rythme, mais je ressens enfin les effets racontés dans les livres parlant de la haute altitude : on fait deux pas puis on se repose, puis on refait deux pas, puis on reprend son souffle etc… C’est une étrange sensation. On a du mal à comprendre pourquoi le corps ne veut pas … eh bien, avancer, comme d’habitude ! 



Bref, la montée n’est pas le long de la rivière et je dois revenir vers la crête pour la voir. Très beau spectacle : la vallée de la rivière est couverte de neige, la rivière à moitié gelée coule au fond. C’est assez surnaturel. Dans les nuages blancs / gris, le fond de la vallée est blanc. D’un silence absolu, je passe à un bruit de torrent dès que j’arrive sur la crête. L’objectif est atteint.
Petit coup d’œil sur l’altimètre, qui m’indique … 4 950 mètres ! Allez, plus que 50 mètres et je passe le cap des 5 000 ! Aucune hésitation, je pose le sac, part avec l’iPhone et toutes mes épaisseurs, gants et tout, et une fois débarrassé de mon fardeau je cours (presque) vers les hauteurs.

Le gros caillou doit être à 5 000 … non, pas encore, une trentaine de mètre avant d’y être. Je continue. La pente s’affaiblit, et j’arrive dans la neige. Le plateau que j’ai devant moi est comme un dessus de forêt noire : les cailloux plantés dans la neige sont les copeaux de chocolat et la neige la crème. 
Quelques pas, que j’aime le bruit de la neige que l’on écrase sous ses semelles ! Et …. l’altimètre indique … 5 053 mètres ! Quelques photos, une barre de céréales (gelée), et je redescends – fais trop froid ! 

La descente se fait le plus vite possible, pour revenir déjà, parce que la montagne c’est marrant 5 minutes puis c’est comme tout, on se lasse ! Puis aussi parce qu’il fait froid. Et aussi parce que Natacha risque de s’inquiéter et bon, j’ai quand même envie de savoir si elle va bien.
Quelques photos en cours de route pour ne rien oublier de cette atmosphère un peu irréelle, puis autour des kerns qui m’ont été si utiles pour trouver mon chemin, et je termine en musique, avec Caro Emerald dans les oreilles qui me fait même danser quand je retourne au lodge. 


J’y retrouve une Natacha en pleine forme, à moitié dans son duvet, qui commençait à s’inquiéter, il était temps que je rentre ! J’avais dit que je serais là avant 16h, pour commander le dîner, et il est 16h ! tout pile ! Coup d’œil sur la carte pour me rendre compte que je suis arrivé au pied du glacier – invisible car caché par les nuages. Puis Yam, dîner, dodo.

Marche dans la neige à 5050m d'altitude


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